Les souvenirs, à l’image de ces montres, se déforment pour devenir des choses molles, malléables où le temps ne compte plus.
En 1935, Maxime GORKI lance une idée, une demande à tous les écrivains du monde, à savoir décrire un jour, le même jour dans l’année, le 27 septembre…
Le résultat, je l’ignore mais cette sollicitation me conduit à une certaine réflexion sur le Temps tel que vécu, tel que restitué.
Comment le temps résonne en / pour chacun d’entre nous ?
Résonne comme sonne une pendule qui marque la succession des heures ?
Ce sont les années qui sonnent au cours des pages, les unes après les autres. Sonnent des coups qui, à la différence de ceux des horloges, n’ont ni le même son, ni peut-être le même rythme, mais sonnent pour avertir que, selon les découpes communément admises, le temps a passé, un certain temps, un temps qui compte la vie, les vies, de soi-même et des autres, un temps auquel nul n’échappe.
Il y a du même et de l’autre dans ce temps-là : le même des 365 jours commençant et finissant répétitivement, l’autre du changement des êtres et des choses au fur et à mesure que passent les années.
Il y a aussi un manque : le manque de tout ce qui arrive pendant les autres 364 jours de l’année, lesquels ne figurent qu’à travers des allusions : les relations qu’ils ont, ces jours-là, avec le 27 septembre sur lequel ils ont choisi de discourir…
Mais aussi lecture stimulante, qui apprend à retenir dans l’innombrable des événements rapportés, grands et petits, le battement régulier de vie à travers préoccupations, soucis, joies – une durée personnelle à travers le foisonnement général.
Tout moment vécu a sa valeur, une valeur absolue, en quelque sorte, qui lui vient, non de son apparente importance, de son indexation en bon ou mauvais, en fort ou faible, mais du fait qu’il appartient à la vie, qu’il la manifeste, qu’il en témoigne.
Et que tout moment, même le plus ordinaire, possède un « potentiel narratif » !
Alors à vos plumes ou claviers si vous le souhaitez… pour vous même… pour les autres…